Changement Technologique et Apprentissage
Jean Ruffier



L'atelier se propose d'explorer la chaîne de production et transmission des savoirs et des informations qui vont de l'école primaire à la mise en œuvre des technologies de pointe de manière performante. Il veut travailler à la question de l'industrialisation.

L'économie classique lie les politiques d'éducation à la production nationale, soit qu'elle considère que l'éducation est de fait mise au service de la production, soit qu'elle lie les niveaux d'éducation à la richesse engrangée par l'activité productive, soit encore qu'elle fasse du niveau d'éducation une variable essentielle expliquant le niveau de l'activité productive. Or la réalité des situations contrastées observées en Afrique ou en Amérique latine oblige à repenser complètement ce lien entre éducation et production, entre savoirs et professionnalisation, entre formation et emploi.

Au plan des savoirs nécessaires à l'entreprise, l'économie classique tend à lier l'adoption de technologies de pointe à la reproduction de modèles éducatifs propres aux pays les plus développés, analyse qui n'ouvre aucune possibilité aux pays moins développés ; l'atelier va donc travailler sur des analyses qui montrent la possibilité d'utiliser ces technologies dans des contextes d'accès aux connaissances qui ne sont pas ceux des grandes entreprises multinationales.

Au niveau du fonctionnement des entreprises et de leur capacité d'innovation, il existe beaucoup d'indicateurs ou de spécialistes pour mesurer les performances ou la rentabilité d'une entreprise. Ces calculs tendent à éliminer l'incertitude de la durée en la remplaçant par la traduction financière immédiate de l'espérance de gain. Mais ce mode de calcul n'est d'aucune aide pour les personnes qui s'investissent personnellement dans une production donnée. Il ne leur dit pas si demain, il ne sera pas plus rentable de fermer l'unité pour laquelle ils se sont tant investis. L'atelier est donc aussi un lieu de discussion des indicateurs qui permettent d'informer la recherche d'une production qui n'aurait comme seul horizon que la satisfaction des intérêts des actionnaires.

Nous nous interrogerons aussi sur l'analyse des coûts de la méconnaissance dans la mesure où celle-ci permettrait aux entreprises industrielles et de service de s'assurer la maîtrise de leurs apprentissages organisationnels et de diminuer au maximum des dépenses inutiles provenant d'effets de mode ou d'effets de mimétisme, dépenses souvent effectuées sans que les techniques et les outils de gestion, ainsi introduits dans l'entreprise, et qui en bouleverseront les équilibres, soient assurément bien adaptés aux perspectives stratégiques et aux usages de l'entreprise.

Les indicateurs de gestion qui se multiplient dans les tableaux de bord des entreprises et administrations non seulement ont une vie propre mais imprègnent différemment leur organisation. Conçus comme les instruments grâce auxquels la connaissance et la rationalité s'exercent, ils peuvent être ou devenir des facteurs de méconnaissance, ou d'inutile dépense d'énergie.

Comment les acteurs acquièrent, gèrent et produisent des connaissances nécessaires à l'efficience d'un système productif. Vaste question qui demande à être approfondie théoriquement, et confrontée aux apports des plusieurs disciplines : économie, sociologie, psychologie, histoire, géographie et ingénierie.

Dans un plan plus large, l'atelier regroupera les réflexions en termes de gestion des connaissances que ce soit au plan d'une production donnée, ou d'une zone géographique.


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