Mr Bob Jessop and Mr Klaus Nielsen : Institutions et Règles1
Ce court exposé a trois objectifs. En premier, il suggère que les règles et les institutions sont un point d'entrée commode et productif pour analyser le capitalisme et les propositions du courant principal pour sa réforme. Mais il suggère aussi que les analyses ne peuvent s'arrêter là si des critiques adéquates et des stratégies alternatives sont à développer. Par dessus tout nous devons aller au-delà des règles et des institutions pour examiner les micro-fondations des institutions, en particulier les subjectivités, les cadres cognitifs, les modes de calcul, les normes de conduite et les formes d'encastrement; et pour étudier les macro-contextes qui émergent de l'interaction entre les institutions et configure cette interaction dans une dialectique complexe de construction du chemin et de dépendance du sentier. Il suggère aussi comment aller au-delà des règles et des institutions. En second, cet exposé propose une approche théorique différenciée, fondée sur un combinaison de modes d'enquête trans- et post-disciplinaire. Il défend l'idée que ces modes peuvent à la fois informer nos tentatives intellectuelles collectives et aussi offrir la base d'un pédagogie populaire indispensable. Et, en troisième, il identifie quelques questions clés pour un agenda de recherche concernant les dimensions politique et éthique des activités économiques contemporaines.
Dans l'esprit du projet PEKEA, notre exposé ne s'occupe pas d'offrir un nouvelle critique de la science économique orthodoxe ( pour cela voir see Hodgson 1989; North 1990; Rutherford 1994). En revanche nous insistons sur la nature socialement incorporéé, socialement régulée des économies de marché et nous traitons des modes de calcul et des normes économiques changeantes. Ceci nous conduit à un approche très large du capitalisme en termes d'ensemble général d'actions et de forces sociales, d'organisations, d'institutions sélectives stratégiquement, régulées et enchâssées socialement qui sont impliquées dans le maintien de la relation salariale, d'un procès de travail et plus généralement d'un système de production organisé en termes de profit-pertes et un équilibre complexe entre concurrence et coopération entre différents type de capital. Vues dans ces termes les relations capitalistes de production ne sont pas seulement économiques mais sont aussi (toujours, nécessairement) extra-economic. Pousuivre ces idées devrait aider à offrir un meilleur rendu des aspects politiques inhérents du capitalisme contemporain.
I Institutions et Règles
Les institutionnalistes se différencie largement sur la manière de définir les institutions et d'en apprécier l'importance. En partie cela reflète des traditions disciplinaires différentes et 'la tendance à choisir une définition interne à une théorie de type disciplinaire' ce qui est le plus porteur de sens à partir d'une perspective disciplinaire donnée (Goodin, 1996:21). En général la littérature de science sociale tend à regarder les institutions comme des pratiques sociales qui sont répétées régulièrement et continuement, liées à des rôles et des relations sociales, sanctionnées et maintenues par des normes sociales, et hautement significatives dans la structure sociale générale. Parmi les exemples d'institutions dans cette acception on trouve la famille, la religion, la propriété, les marchés, l'Etat, l'éducation, le sport, et la médecine. Comme telles elles sont liées à des règles émergentes particulières de conduite et à des modes de calcul tout autant qu'à des qualités structurelles émergentes et à des effets rétroactifs. Les institutions ainsi définies ne doivent pas être confondues avec leur instantiacion dans des cas particuliers. Par conséquent, pour reprendre la liste précédente, les familles individuelles, les congrégations religieuses, les marchandises, les transactions économiques, les gouvernements, les écoles, les compétions d'athlétisme, ou les hôpitaux ne sont pas au nombre des institutions. Quelques théoriciens adoptent une position intermédiaire qui traitent quelques organisations comme des institutions pour autant qu'elles sont permanentes, qu'elles accomplissent des activités publiques ou semi-publique et qu'elles ont un impact majeur sur la société dans son ensemble. Parmi les exemples de telles 'institutions' on note les branches exécutive, législative et judiciaire du gouvernement, les organisations pic du travail et du capital, les églises établies ou autres fois religieuses, les partis leaders dans un système de partis politiques, les principales organisations de mass media, et même quelques firmes et banques qui ont un rôle clé dans les performances économiques et qui sont considérées comme 'trop grosses ou trop importantes pour disparaître'. Elles sont certainement des objets importants d'enquête et méritent d'être incluses dans le type d'enquête recommandée ici. En particulier, l'économie institutionnelle des organisations est l'un des principaux champs de la nouvelle économie institutionnelle (e.g., Rowlinson 1999; Scott 1995; Williamson 1996). Nous sommes moins convaincus qu'elles soient à dénommer 'institutions', cependant, qu'opposé à les voir analysés d'une perspective institutionnaliste. Nous réserverons donc la notion d'institution pour les institutions supra-organisationnelles. Mais cela est seulement une question de définition et notre analyse d'ensemble ne serait pas remise en cause si nous acceptions quelqu'autre convention terminologique. Il y a aussi un d'importants désaccords à propos de la nature de la rationalité, des règles et des conduites. A l'opposé de la conception forte de la rationalité 'le comportement de maximisation formelle des sujets calculant rationnellement) en faveur dans la science économique orthodoxe, nous adoptons un conception faible plus adaptée à l'analyse de contextes institutionnels variables, caractérisés par des cadres cognitifs différents, par des rationalités limitées, par des logiques de l'approprié, des conventions, des modes de calculs etc. En outre, étant donné notre intérêt plus grand dans les activités économiques réelles plutôt que dans la modélisation du choix rationnel, nous définissons les règles comme des conventions explicites ou implicites et des normes de conduite qui de manière variable, prescrivent, proscrivent, encouragent, permettent, ou transgressent certains modèles de conduite dans des circonstances plus ou moins bien définies. Ceci amène à passer au besoin de chercher les conditions dans les quelles de telles règles émergent, les facteurs qui sous tendent leurs variations, le degré jusqu'où elles subissent des actions (et le différentes raisons qui pourraient conduire les agents économiques à s'y conformer) et leur stabilité.
Les institutions sont étroitement liées à des ensembles de règles et de normes de conduite à la fois à travers des tentatives explicites de construction institutionnelle et à travers des stabilisation évolutionnaires inintentionnelles. La construction institutionnelle demande attention aux conduites et aux structures. Car les institutions sont typiquement associés à des logiques spécifiques de comportement approprié qui sont irréductibles à la rationalité formelle. Au contraire elles spécifient des règles de conduite plus ou moins spécifiques et substantive. Des institutions stables émergent de manière typique à travers de la co-évolution du (a) changement de règles de comportement et des stratégies et des tactiques qu'elles permettent et (b) la sélection et le renforcement de ces règles, stratégies et tactiques dans et au travers des structures de rémunération (primes?) associés avec des ensembles institutionnels. Ceci éclaire l'importance de l'étude de l'interaction entre les agents sociaux et les institutions en termes de sélection remontante, intermédiée par des structures, des stratégies et des tactiques et la réorganisation, passant par un aller retour, de configurations structurelles spécifiques. Ceci implique que le modèle et la reproduction institutionnelle dépendent non seulement sur un ensemble approprié de normes mais aussi de la création de sujets capable et désireux de les interpréter dans des manières qui soutiennent ces institutions. Créer de tels sujets implique plus qu'une socialisation cognitive et normative qui met des individus en état de se conformer quasi mécaniquement avec les nécessités de la reproduction d'institutions spécifiques. Car les rôles et les identités particulières et les sujets qualifiés particuliers ont besoin d'être constitués de manière discursive, incorporés dans des institutions appropriées et des pratiques matérielles et matérialisées dans des compétences humaines spécifiques. Au contraire, parce que les institutions ne sont jamais complètement et rigidement institutionnalisées et que les règles sont toujours en partie indéterminées, leur reproduction requièrent un engagement et une flexibilité de la part des agents. Ceci est le point où 'la logique du comportement approprié" fait son entrée, spécialement quand cela encourage les forces sociales à prendre les décisions appropriées en réponse au changement de circonstances.
Notre but principal dans cette section a été de mettre l'accent sur la valeur heuristique de l'étude des règles et des institutions. Car ceci a un rôle d'intermédiaire utile en relation avec les antinomies bien établies et gênantes, les dualismes épistémologiques et les dilemmes méthodologiques dans les sciences sociales (pour une discussion de ceux ci voir Jessop 2001). Nous pouvons illustrer cette prétention générale par la dépendance du sentier et la formation du chemin. Comme les phénomènes émergeant de niveau (méso)intermédiaire situés à l'intersection des inerties structurelles dépendantes du sentier et des activités que forment le chemin, les institutions offrent un pont théorique et empirique entre des phénomènes macro et micro ou entre les logiques macro sociales et les fondations micro sociales. Parce que les institutions ont toujours besoin d'être interprétées et renégociées, elles ne peuvent jamais déterminer pleinement l'action; mais elles ne peuvent pas plus permettre toute action que ce soit de telle sorte que la vie n'est rien plus que le produit d'une pure contingence délibéré. Par conséquent les institutions impliquent typiquement un ensemble plus ou moins contraint de choix courants faisables. A l'ntérieur de ces contraintes, cependant, les forces sociales peuvent (et souvent doivent) choisir comment agir; et, en agissant stratégiquement sur différents horizons spatio-temporels, ils peuvent être capables d'éliminer des contraintes courantes et de modifier des possibilités futures. En ce sens des activités formant le chemin peuvent créer de nouvelles formes de dépendance du sentier discursivement et institutionnellement enchâssées et/ou cognitivement ou pratiquement "incorporées.
2. Post-Disciplinarité
L'agenda de la recherche institutionnelle requiert de nouvelles pratiques intellectuelles. Nous illustrerons ceci du point de vue de la critique de l'économie politique. L'économie politique classique était un champ pré-disciplinaire d'enquête au sens où il s'est formé avant que les disciplines académiques se cristallisent et commencent à fragmenter la connaissance vers le milieu et la fin du 19ème siècle. Comme telle elle a été lancée par des esprits universels qui croyaient que l'économie politique devait comprendre l'organisation économique et la création de richesse, le bon gouvernement et la bonne administration et l'économie morale (dont les qustions de la langue de la culture et de l'éthique).Des formes plus orthodoxes d'économie politique avaient déjà commencé de se retirer de ces vastes questionnements.au début du 19ème siècle; et l'économie pure comme discipline distincte est allée plus loin dans la différenciation en devenant de plus en plus rigoureuse (mathématique et formelle) aux dépends de sa pertinence vis à vis du monde réel. Nous ne pouvons retourner à l'ère prédisciplinaire mais nous pouvons espérer développer des analyses pluri-, trans-, ou post-disciplinaire des activités économiques tant en nous appuyant sur l'expertise des collègues de disciplines et de traditions de recherche différentes qu'en développant de nouveaux concepts et méthodologies qui cherchent à transcender les frontières disciplinaires. Une approche pluri- ou inter- disciplinaire typique combine ce qui est considéré comme la compréhension et la connaissance par nature valide de différentes disciplines pour produire la "grande présentation" à travers une "pensée conjointe". Quoique ce soit un point de départ utile pour analyser des problèmes complexes, il est meilleur encore de viser l'adoption d'approches trans- ou/et post-disciplinaire. Celles ci commencent par identifier des problèmes spécifiques et ensuite mobilisent, développent et intégrent les concepts et la connaissance nécessaire sans se préoccuper des frontières disciplinaires. Aller au delà de la trans-disciplinarité vers la post-disciplinarité requiert un ensemble final de difficultés intellectuelles et d'étapes pratiques. Ceci doit reconnaître la nature conventionnelle et les limitations inhérentes des disciplines individuelles et la disciplinarité comme un tout et rester ouvert à des idées nouvelles qui pourraient bien être incohérentes ou sans comparaison possible avec aucune autre des disciplines établies. Cet engagement vers la post-disciplinarité est cependant une intention de perfection, et nous offre un objectif en mouvant constant puisque les disciplines et leurs relations sont réorganisées. La transdiciplinarité est souvent suffisante pour beaucoup d'objets et certainement plus facile d'atteinte à un moment où les disciplines établies dominent encore l'enseignement supérieur et la division intellectuelle du travail.
Pour clarifier ces points nous allons maintenant distinguer des formes de disciplinarités, indiquant comment ils affectent l'étude des règles économiques et des institutions et noter leurs implications pour une critique politique et éthique des activités économiques (voir Fig.1 (non traduite)). Les analyses pré-disciplinaires de l'économie sont associées avec la première période moderne de la pensée occidentale, quand l'économie de marché n'était pas encore pleinement différenciée des autres sphères sociétales et quand, en particulier, la forme marchandise n'avait pas encore été complètement étendu à la force de travail. En conséquence, l'économie politique classique était typiquement fondée sur des anthropologies philosophiques relativement riches (c'est à dire un des ensembles d'hypothèses à propos de la nature humaine et de son développement) et liée à des considérations éthico-politiques relativement explicites. C'est seulement au milieu du 19ème siècle que des disciplines plus spécialisées ont émergés, correspondant au plus grand degré de différentiation fonctionnelle des sociétés modernes qui est survenu au cours de cette période et aux luttes pour établir une division hiérarchisée du travail intellectuel au sein d'une communauté technocratique et universitaire en croissance. Ces disciplines plus spécialisées ( y inclus bien sur la science économique) ont souvent rejeté l'anthropologie philosophique comme prémoderne, non scientifique, ou ouvertement normative et/ ou ont eu tendance ) travailler avec des hypothèses affaiblies à propos des rationalités fonctionnelles spécifiques (modes de calcul) ou des logiques de comportement approprié que n'offre pas de fondement réel pour une critique plus générale des sociétés contemporaines.
Nous ne pouvons revenir à une époque pré-disciplinaire mais cela ne nous demande pas de penser et d'agir selon les termes établis par les disciplines dominantes. Un approche étroite de l'analyse économique se concentrerait exclusivement sur des thèmes qui sont identifiés en termes de politique économique vulgaire et ses développements subséquents comme une discipline mathématisée spécialisée s'intéressant à un comportement ou l'on s'économise. Cela correspondrait aussi à la croyance positiviste naîve que l'économie de marché existe et peut-être étudiée de manière isolée des autres sphères des relations sociales. Cette naturalisation de l'économie est liée aux pratiques pédagogiques top-down (descendantes) qui reproduisent une approche sans rétroaction et fétichiste des lois du marché et les tendances de base de l'économie de marché. Il néglige aussi les dimensions éthiques et politiques du champ économique. Les approches pluri- trans- et post- disciplinaires surmontent chacune ces problèmes jusqu'à un grand point. En particulier, les approches post-disciplinaires rejettent la légitimité des frontières disciplinaires établies et adoptent une approche plus orientée problème. Elles tendent par conséquent à être plus ouverte dans leur contenu, plus éclectique et plus intéressée dans les questions politiques et éthiques. Ceci conduit à des pratiques pédagogiques plus critiques dans les mondes universitaires et de tous les jours qui implique un engagement au dialogue et à l'apprentissage mutuel plutôt qu'une instruction ex cathedra et une planification top-down (descendante).
L'engagement au dialogue est déjà évident à l'intérieur du mouvement institutionnaliste lui-même (pour une discussion des différents institutionnalismes, Hall and Taylor 1996; Jessop 2001; Nielsen 2001; Peters 2000).Par conséquent comme di Maggio (1998) le remarque, différents institutionnalismes ont déjà migré du 'désengagement mutuel' via une critique constructuve vers un dialogue mutuel. Ceci doit mené à construire des ponts entre les disciplines qui ont jusqu'ici favorisé des formes différentes d'institutionnalisme et fait avancer leur pouvoir général (cf Campbell et Pedersen 2001). Il y a aussi une reconnaissance croissante que bien des questions clés exigent réellement des approches pluri-, trans, ou post- disciplinaires qui s'exercent à travers les frontières des disciplines établies. On y trouve, le capital social, la confiance, la connaissance, l'apprentissage, l'incertitude, le risque, l'innovation et l'esprit d'entreprise, la compétitivité structurelle ou systémique, la gouvernance et la meta-gouvernance, les économies de réseau, les dynamiques organisationnelles, la performance économique et les profils sociaux des différents modèles de capitalisme, l'exclusion sociale et le sous-développement. Car ces phénomènes ont des liens étroits avec des dimensions économiques et extra-économiques et de ce fait pose des questions centrales de structure et d'agence.
3. Questions clés pour un agenda de recherche sur les Règles et les Institutions
Nous pouvons maintenant nous tourner vers un agenda de recherche congruent aves les objectifs de PEKEA. Nous voudrions soulever les questions clés suivantes:
Les Règles et les Institutions sont un excellent point d'entrée dans les aspects politiques et ethiques des activités économiques. La co-évolution poursuivie des dimensions économiques et extra-économiques de ces activités est intermédiée à travers des configurations institutionnelles spécifiques et des subjectivités spécifiques. L'économie ne peut plus être comprise en termes d'équilibration par le marché d'actions économiques rationnelles dans un système économique hérmétiquement scellé. La reproduction improbable du capitalisme dépend toujours d'un ensemble contesté, instable, complexe de pratiques, de règles et d'institutions à la fois extra-économiques et économiques. Ceci éclaire le caractère inévitablement politique de l'économie - à la fois au sens étroit de son interpénétration avec le système politique et au sens large de sa configuration dans à travers des luttes de grande ampleur. De même, malgré la mystique de l'homo economicus, la rationalité économique exigent la perpétuelle acculturation et incarnation, le façonnage et refaçonnage de sujets économiques. Ceci révèle à la fois les dimensions éthiques mais cachées de la vie économique ainsi que la portée (et la nécessité) de la création et de l'affermissement de différents types de sujets économiques. En ce sens se centrer sur les règles et les institutions sert à éclairer le rôle de la réflexion éthique sur les propositions de réformer/transformer les économies et suggère qu'il pourrait être fructueux de raviver l'anthropologie philosophique et de repenser les questions éthiques.
Une concentration sur les règles et les institutions aide aussi à éviter le volontarisme et le structuralisme. La tentation du volontarisme est de croire qu'il suffit d'identifier une alternative faisable pour que le gens de bien accepte son caractère approprié et sa désidérabilité et coopèrent à sa réalisation. Ceci conduit à négliger les contraintes dépendantes du sentier sur l'action sociale et, en particulier l'inertie associée à la reproduction à long terme des institutions. En bref, il rend simpliste le problème de comment aller d'ici à là. La tentation du structuralisme et de croire que la longévité institutionnelle exclut le changement de telles sorte qu'on ne peut aller d'ici à là. Nous avons suggéré que ce problème est mieux traité en termes de dialectique dépendance du sentier, formation du chemin. La dépendance du sentier implique qu'un développement institutionnel préalable forme les trajectoire courante et future de telle sorte que les héritages institutionnels limite les possibilités courantes et l'innovation institutionnelle. L'histoire fait la différence. Mais cela ne doit pas amener au fatalisme. Car les forces sociales ont pu intervenir dans les conjonctures courantes et les réarticuler activement de telle sorte que de nouvelles trajectoires deviennent possibles. Ceci est particulièrement significatif quand cela est lié avec la capacité des acteurs sociaux pour la rétroanalyse, c'est à dire, une observation de second ordre de leur situation, de leurs actions et des répercussions de leurs actions sur leurs identités et leurs intérêts. Dans l'ensemble, ensuite, cette dialectique indique la signification des matrices spatio temporelles réorganisées retro-activement et des tactiques et stratégies sélectionnées récursivement.
Des institutions durables requièrent toujours des micro-fondations et existent habituellement dans des contextes macro spécifiques. Elles sont soutenues et instanciées dans activités individuelles, organisationnelles, et interoganisationnnelles et enchâssées dans ordres institutionnels différentiés fonctionnellement dans une société décentrée et de plus en plus globale. Les règles de conduite sont liées à la formation de subjectivités et à des processus de 'normalisation' que rend les sujets capables d'apprendre et de mettre en acte des logiques de comportement appropriés dans différents contextes institutionnels. Les règles établies sont alors transformées quelques fois avec des effets majeurs de formation du chemin, du fait que des individus, des groupes, et d'autres forces sociales réinterprètent, résistent ou les renversent. Il s'ensuit qu'une analyse institutionnelle ne peut être confinée à des règles et des institutions si ce n'est pas pour les comprendre pleinement - il y a toujours quelque chose au delà des institutions qui doit être analysé et pris en compte quand on cherche à les transformer.
Etant donné l'interpénétration et la sudétermination de l'économique et de l'extra-économique, l'économie de marché est aussi un économie morale, une économie sociale, une économie politique, une économie culturelle, une économie légale etc...Ceci indique le besoin pour des approches pluri- trans-, et post-diciplinaires pour développer les outils appropriés pour étudier l'économie à multifacettes dans toute sa complexité économique et extra-économique. On en appelle donc à une recherche post-disciplinaire orientée-problème, une pédagogie intemédiée par des projets et orientée sur des problèmes
Finalement, étant donné l'interpénétration et la surdétermination de l'économique et de l'extra-économique et la nature inévitablement sociale de l'économie, il s'ensuit que l'espace est ouvert pour discuter comment nous voulons construire socialement l'économie et quelles valeurs nous souhaitons y voir enchâssées et incorporées.
Références:
Campbell, J.L. and Pedersen, O.K., eds (2001) The Rise of Neoliberalism and Institutional Analysis, Princeton: Princeton University Press.
Goodin, R.E. (1996) 'Institutions and their Design', in idem, ed., The Theory of Institutional Design, Cambridge: Cambridge University Press, 1-53.
Hall, P.A. and Taylor, R.C.R. (1996) 'Political science and the three new institution-alisms', Political Studies, 64 (4), 936-957.
Hodgson, G.M. (1989) Economics and Institutions: a Manifesto for a Modern Institutional Economics, Cambridge: Polity.
Jessop, B. (2001) 'Institutional (Re)turns and the Strategic-Relational Approach', Environment and Planning A, 33 (7), 1213-37.
Nielsen, K. (2001) Varieties of Institutionalism, Roskilde: RUC.
Peters, B.G. (2000) Institutional Theory in Political Science, London: Pinter.
North, D.C. (1990) Institutions, Institutional Change, and Economic Performance, Cambridge: Cambridge University Press.
Rowlinson, M. (1997) Organizations and Institutions: Perspectives in Economics and Sociology, Basingstoke: Macmillan.
Rutherford, M. (1994) Institutions in Economics: the Old and the New Institutionalisms, Cambridge: Cambridge University Press.
Scott, W.R. (1995) Institutions and Organizations, London: Sage.
Williamson, O.E. (1996) The Mechanisms of Governance, Oxford: Oxford University Press.
Bob Jessop. See http://www.comp.lanc.ac.uk/sociology/rjessop.html
Klaus Nielsen. See http://www.ssc.ruc.dk/institutional/
Thematic Concerns
Methodological Approach
Ontological Outlook
Extent and Form of Reflexivity
Pedagogic Practices
Political and Ethical Aspects
Examples in the Field of Economics
Pre-Disciplinary Period
Focus on holistic, polymathic themes. Predates development of distinct disciplines
Polymathic, holistic, integrative methodologies, often with humanistic as well as positivistic aspects
Tied to a world with low functional differentiation. So society-nature-cosmos seen as integrated under God or through natural laws
Tends to naturalize a holistic world and hence need to study it from all available perspectives
"Renaissance man" model of rounded classical education in natural and moral philosophy for gentleman-scholars.
Always already there: political economy and moral economy are both grounded in philosophical anthropology
Old Institutional Economics
Adam Smith, G.W. Hegel, Henri Rousseau, Karl Marx, Max Weber
Disciplinary
Focus exclusively on themes that are identified in terms of categories of a given discipline; ignore all other possible themes
Adopt an approach to any theme based on the categories of a given discipline (can lead to disciplinary imperialism)
Distinct disciplines correspond to the structure of the real world - each set of ontological entities has its own discipline
Tend to naturalize their respective objects of analysis as real world entities and so do not reflect on the character of disciplines
Traditionally and typically involves top-down instruction in a given discipline
Economic man as a rational subject. Economics and politics are separate, ethics is irrelevant. Implicit politics and ethics based on economic rationality as sole or hegemonic mode of rationality
Orthodox economics, rational choice institutionalism
Pre-1990 North Deirdre McCloskey?
Multi- or Pluri- Disciplinary
Focus on themes located in terms of the intersection of categories of two or more conventional disciplines
Combine approaches from these disciplines to produce simple additive account of topic
Conventional disciplines do correspond to simple and/or emergent entities in the real world. By combining them, one can understand a complex world
Aware of epistemic limits of disciplines and need to combine them to get 'complete' account
Typically involves co-exploration in terms of given disciplines that are typically learnt through top-down instruction
Originates in market and state failure and need to address new economic and political problems. But still tends toward rational problem-solving.
Teams of economists and sociologists combining efforts
Inter- or trans-Disciplinary
Focus on selected themes that are compatible with categories of several disciplines
Combine approaches from these disciplines to produce more complex account
Objects are alwayscomplex and cannot be understood just by adding given disciplines
Aware of ontological limits of disciplines and need to combine them to get better accounts
Co-exploration in terms of bottom-up problem-oriented research. Risk that this serves to reproduce the dominance of disciplines.
Plurality of modes of calculation. Explore conditions in which people or institutions act in economically rational manner. In de-naturalizing homoe economicus, opens space for political and ethical debate and attempt to build new subjects.
Economic Sociology, Classical Instit-utionalism, Historical sociology
Post-1990 North
Post-Disciplinary
Study problem independent of how different disciplines would classify them, if at all
Develop methodologies appropriate to that object without regard to disciplinary proprieties
Complex and incomplete world so study it in terms of problems that are constructed for specific research purposes
Critically self-aware of epistemic and ontological limits of disciplines and of resulting need to follow problems
Be ironic and expect to fail. Bottom-up co-exploration of problems and self-construction of appropriate tools and concepts. Regular bouts of reflection.
Emphasis economic, political, and other discourses' role in the construction of the economy (polity, &c) each with its own ethical import. Forces an ironic self-evaluation of one's political and ethical beliefs as well as commitment to ongoing dialogue
Cultural political economy, political ecology, radical feminism, transnational historical materialism
Anti-Disciplinary
Reject the idea that there are clearly identifiable themes open to discipline-based research
Anything goes
Real world is one of unstructured complexity, chaos and catastrophe
Disciplines are socially constructed and arbitrary
Be cynical and have fun!
Reject fixed rules and rationalities in favour of voluntaristic and uncoordinated action
Feyerabend
Post-modern economics
Figure 1. Outline of different forms of disciplinarity
1 Traduction non révisée par les auteurs. Je suis seul responsable des contresens éventuels et prie les auteurs et les lecteurs de bien vouloir m'en excuser. Marc Humbert (Août 2002)