Peut on fonder une économie éthique internationale sur 
  le principe de fraternité ?
Philippe Hugon
     A priori la question paraît paradoxale tant pour de nombreux économistes, 
  les fondements de l’économie reposent sur les comportements utilitaristes 
  des agents et sur des coordinations par le marché. En réalité, 
  l’économie politique s’est constituée en ne dissociant 
  pas le marché et le jeu des intérêts privés du contrat 
  social et des sentiments moraux chez Smith. L’économie a été 
  fondée comme science morale et, malgré la dérive ou l’illusion 
  scientiste des économistes néo classiques voulant élaborer 
  une économie pure a-morale, elle le demeure que ce soit dans les référents 
  contractualistes de Rawls ou de Sen, dans ceux humanistes de Perroux, dans les 
  référents conventionnalistes aux espaces de justification ou dans 
  les travaux d’anthropologie mettant en avant le principe de réciprocité. 
  
       Seule une approche multidimensionnelle prenant en compte les dimensions économiques, 
  sociales, juridiques, politiques et environnementales permet de penser les interdépendances 
  des habitants d’une même planète et de prendre en compte 
  la terre qui sera laissée aux futures générations. Cette 
  prise de conscience n’a pas seulement des fondements moraux. Elle renvoie 
  à une nécessité très probable de survie de l’espèce 
  humaine (cf Reeves 2003). Elle s’appuie sur les pratiques sociales conduisant 
  à la prise en compte d’exigences éthiques tant au niveau 
  du monde privé des affaires, que des acteurs publics ou du monde des 
  acteurs non étatiques (cf. le programme éthique de l’économie 
  de l’UNESCO impulsé par N Garabaghi). 
       De nombreux économistes contemporains retrouvent ainsi les fondements 
  de l’économie politique. La liberté qui s’exprime 
  notamment par le marché ne peut fonctionner sans l’égalité 
  qui suppose des politiques redistributives et compensatrices et un principe 
  de cohésion qui repose sur la réciprocité, la solidarité 
  ou la fraternité. Les principes de la Révolution française 
  demeurent d’actualité dans un monde globalisé (David 1998). 
  Ils sont en partie portés par les organisations de solidarité 
  internationale et par l’émergence, face aux défaillances 
  des marchés et aux inégalités qui en résultent, 
  d’un courant d’entreprises citoyennes, d’une citoyenneté 
  transnationale et de la prise en compte de patrimoines communs et de biens publics 
  globaux malgré les nombreux échecs du multilatéralisme. 
  
       Alors qu'une conscience planétaire et que des actions collectives internationales 
  émergent du fait de la mondialisation ou plutôt de la triadisation 
  des marchés, des firmes, de la finance et des informations, des interdépendances 
  et des risques planétaires, l'architecture internationale demeure marquée 
  par les relations inter étatiques, par l’unilatéralisme 
  des puissances hégémoniques et par le marché qui se déploie 
  à l’échelle mondiale, sous l’impulsion des oligopoles 
  privés, sans régulation transnationale ni gouvernement supra national 
  Le déploiement d’un capitalisme mondial et d’une mondialisation 
  libérale non régulée conduit à la fois à 
  des crises importantes, à des inégalités et à des 
  risques élevés.
       Cette communication a pour objet de rappeler les fondements d’une économie 
  éthique et de la prise en compte du volet fraternité avant de 
  présenter les exigences d’une économie éthique internationale 
  en analysant les biens publics, collectifs, communs ou premiers et les patrimoines 
  communs au filtre de la fraternité et de la solidarité. 
  I/ Les fondements d’une économie éthique et le 
  volet fraternité du tryptique révolutionnaire
      Le débat a souvent été réduit en économie 
  à un débat entre efficacité et équité, liberté 
  et égalité alors que les deux objectifs ne peuvent être 
  tenus qu’en prenant en compte le lien social, le sens citoyen, la responsabilité 
  des habitants de la même planète et les liens entre leurs droits 
  et leurs obligations aux différentes échelles allant du local 
  au mondial. Cette question est au cœur du débat concernant l’économie 
  éthique (cf .Mahieu 2000, Sen 1993)
       L’économie éthique 
  peut être déclinée autour de trois grandes questions: Le 
  débat philosophique sur les fondements éthiques, les concepts 
  et le cadre d’analyse d’une économie éthique, le contexte 
  de mondialisation et la question de l’universel 
1. 1 Les fondements philosophiques d’une économie éthique
  L’éthique du mot grec éthiqué mœurs 
  a le même sens que la morale du latin morales mœurs (Passet 2003). 
  En réalité, on peut considérer avec Ricoeur que la morale 
  commande et prescrit alors que l’éthique recommande et interroge. 
  “ L’éthique est l’orientation de l’agir par des 
  normes ”. Science de la morale, elle renvoie aux systèmes de valeurs, 
  à la différenciation du bien et du mal. Elle sous tend le droit, 
  producteur de normes et de règles. Elle se situe dans le débat 
  entre l’universalisme et les particularismes des valeurs. Selon Ricoeur. 
  « l’éthique est la visée de la « vie bonne » 
  avec et pour autrui dans des institutions justes ». 
       Plusieurs conceptions de l’éthique 
  s’opposent : l’éthique individuelle ou la morale 
  privilégie les comportements individuels normés par des principes 
  moraux. Elle renvoie à des principes premiers en termes de libertés, 
  de droits et de responsabilités ; l’éthique collective 
  renvoie aux structures de base de la société, au contrat social 
  permettant de répartir un certain nombre de “ biens premiers ” 
  au sens de Rawls, à la citoyenneté ou aux liens sociaux créant 
  un réseau de droits et d’obligations. Elle s’inscrit dans 
  des cultures plurielles mais est fondée sur des valeurs fondamentales 
  universelles. 
       L’éthique positive prend 
  en compte les comportements moraux des agents et la pluralité des espaces 
  de justification sans porter de jugements de valeurs sur le bien et le mal. 
  L’homme internalise les énoncés normatifs tout en combinant 
  rationalité et sociabilité, utilitarisme et altruisme, intérêt 
  et sympathie ou empathie. L’éthique normative définit 
  le bien en référence avec des normes et des règles morales 
  extérieures aux agents. L’analyse normative porte un jugement 
  de valeur sur les phénomènes. Elle énonce des règles 
  et des principes qui définissent une conduite.
       Les principaux débats renvoient 
  aux débats positif/normatif, individualisme/holisme, universalisme/relativisme, 
  ethnocentrisme/ hétérocentrisme, idéalisme/historicisme.
       -Selon certains l’éthique renvoie 
  à des normes universelles réconciliant l’économique, 
  le social et l’environnemental. Selon une conception historique et une 
  philosophie de l’action, l’éthique renvoie à une tension 
  entre l’affirmation des valeurs auxquelles on adhère (conviction) 
  et la conscience que l’on a des conséquences de ce que l’on 
  fait (responsabilité) (Bartoli 2003). Plusieurs auteurs prennent en compte 
  la pluralité des espaces de justification et de légitimation des 
  actions.
       -Certains auteurs se réfèrent à 
  l’individualisme méthodologique et à un universalisme. Ils 
  partent du « sujet pour éviter les leurres collectifs institutions 
  (organisations, Etats, lois) qui se prétendent au dessus des sujets » 
  Meyer Bisch 2003 p 17. D’autres considèrent que l’on ne peut 
  parler de dispositions normatives indépendamment des positions asymétriques 
  des acteurs. Il s’agit de contextualiser les droits, les libertés 
  ou les responsabilités et de les resituer dans un monde où s’exercent 
  des asymétries de pouvoirs. On ne peut ainsi parler de démocratie 
  sans prendre en compte une architecture internationale éloignée 
  des principes démocratiques (un citoyen une voix, espace public de débats..).
       -L’éthique est elle fondée 
  sur un principe transcendental supérieur notamment religieux ou renvoie 
  t elle à une morale laïque en termes de libertés, droits 
  et responsabilités ? Les hommes sont ils frères dans la même 
  référence à Dieu le père ou à la même 
  terre des hommes. ?
       - Le référent à la fraternité 
  et à la solidarité est-il un principe qui irradie tous les domaines 
  économiques et s’oppose alors à la compétitivité, 
  fonde-t-il un domaine de l’économie à côté 
  de l’économie de marché et de l’économie publique, 
  est il un complément ou un substitut de l’économie privée 
  ou de l’Etat ? 
       -L’éthique doit elle, selon une philosophie 
  morale héritée d’Aristote, être en surplomb et fonder 
  une approche normative de l’économie, doit elle être une 
  des dimensions de l’économie ou doit il y avoir médiation 
  du politique entre l’économie et l’éthique ? La question 
  des conflits de pouvoirs, de valeurs et d’intérêts doit alors 
  conduire à des processus de négociation et à des compromis 
  éclairés par des normes éthiques et des valeurs supérieures 
  .
  1.2 Economie et éthique 
       L’économie a longtemps été 
  définie comme une science morale et une branche de l’éthique. 
  Elle ne peut se passer de la prise en compte des valeurs. L’action résulte 
  d’une intention non réductible à la recherche de l’intérêt 
  individuel et à une analyse coût-avantages. 
       Au contraire, pour une conception positive 
  ou “ mécaniciste ”, l’économie est amorale. 
  Les jugements de valeur n’ont aucune place dans l’analyse scientifique. 
  Les hommes sont mus par leurs intérêts dont il peut résulter 
  au niveau collectif des effets bénéfiques et non voulus. Cette 
  réponse à contre-sens du système économique (Passet 
  2003) se retrouve au cœur du “ Consensus de Washington ” qui 
  renverse la dialectique de la fin et des moyens en faisant de la stabilité 
  financière, de l’efficience productive et de la privatisation et 
  de la libéralisation la fin et en mettant en valeur la seule rationalité 
  instrumentale en terme de calcul économique et d’efficience.
       Aujourd’hui la question éthique est 
  redevenue centrale qu’elle soit posée en termes d’équité 
  intra ou intergénérationnelle ou de principe d’incertitude 
  conduisant, face à une impossibilité de se représenter 
  le futur, de connaître les futures préférences collectives 
  et aux risques d’irréversibilité de décisions, à 
  des choix plus précautionneux et à des compromis entre plusieurs 
  référents se différenciant du seul calcul économique. 
  
       On peut rappeler les limites et les dangers d’une 
  économie a morale supposant des individus a-moraux, mus par leurs simples 
  intérêts. Les conceptions d’harmonie des intérêts 
  par le marché (la main invisible) ou celles de conflits d’intérêts 
  et de simples expression de rapports de force diffèrent quant aux régulations 
  par le marché ou par le pouvoir, mais elle sont tout autant réductrices
       L’économie ne peut faire abstraction 
  des règles de droit et des systèmes de valeurs à la fois 
  pour comprendre dans une perspective positive la pluralité des mobiles 
  et l’importance des jugements de valeurs et dans une perspective normative 
  dire ce qui est le bien. Cette question est redevenue centrale dans le contexte 
  mondial actuel. Il importe évidemment de prendre en compte la multiplicité 
  des pratiques éthiques et d’analyser leur portée effective 
  de l’économie
       Les relations entre l’éthique et 
  l’économie peuvent être déclinées, à 
  plusieurs niveaux : au cœur de l’entreprise, au sein du développement 
  durable, au sein de la mondialisation humanisée. L’éthique 
  doit encadrer et contenir (au double sens d’inclure et de borner) 
  l’économie de marché. Le droit doit encadrer l’économie 
  et l’éthique doit servir à guider l’action. L’éthique 
  de l’économie suppose une forte armature juridique. Le droit est 
  l’ensemble de règles qui s’imposent à l’homme 
  vivant en société et qui régissent les comportements ; 
  il est un régulateur de la vie sociale ; il a une mission de stabilisation 
  des attentes de comportement. Il y a médiation du politique entre économie 
  et éthique (Bartoli 2003). 
  1.3 Les trois composantes de l’économie : économie marchande, 
  économie publique, économie solidaire
       L’on peut différencier trois représentations 
  types d’économie (N Garabaghi 2003). L’économie marchande 
  fondée sur le principe de l’échange, de l’intérêt 
  privé, la recherche de la rentabilité et de la compétitivité 
  ; l’économie publique fondée sur la prestation /redistribution, 
  la contrainte, la recherche de l’intérêt général 
  et l’autorité ; l’économie “ solidaire ” 
  fondée sur la réciprocité ou la coopération, la 
  recherche de l’intérêt ou du bien commun et la solidarité. 
  La caractéristique d’une chose, son appropriation et son mode de 
  gestion en bien privé, commun, collectif ou public dépend du mode 
  de gestion, de représentation, de décision et de relation entre 
  les acteurs et les choses. Les biens en gestion privée se différencient 
  de ceux en gestion collective (l’identité du gestionnaire est la 
  puissance publique), en gestion commune (l’enjeu est la détermination 
  des parties prenantes dans la gestion), ou en gestion publique (par l’Etat 
  ou les collectivités décentralisées).
        Ce triptyque doit être affiné en 
  raison des chevauchements de frontières entre ces trois formes, des différences 
  d’échelle auxquelles elles se réfèrent, de leurs 
  significations variées selon les contextes et de leur caractère 
  évolutif.
  Schéma 1. Triptyque économie publique, économie marchande 
  et économie solidaire
| Public, Etat (hiérarchie, contrainte, 
        autorité) | ||
| Syndicats, assoc. professionnelles Joint ventures | 
 | ONG coopération | 
| Marché, Secteur privé | Economie solidaire | 
 
  L’on observe des formes d’hybridation de ces trois formes 
  avec mutualisation des ressources privées, publiques et communautaires. 
  Le poids de chacune de ces économies diffère selon les sociétés. 
  Certaines sont dominées par l’économie marchande qui s’autonomise 
  et d’autres par un poids important de l’économie administrée 
  ou de l’économie “ communautaire ”. Les liens entre 
  ces trois types d’économie diffèrent selon les échelles. 
  L’économie de marché se mondialise plus rapidement que l’économie 
  publique et l’économie solidaire ou “ communautaire ”, 
  mais des processus d’internationalisation sont mis en oeuvre. 
  
  L’économie éthique privée
       Le mouvement d’éthisation est devenu central dans les milieux des 
  affaire en terme de codes de conduites, de chartes éthiques, de performances 
  éthiques de l’entreprise citoyenne, de commerce équitable 
  ou de fonds d’investissement éthique. De nombreuses entreprises 
  font des rapports concernant à la fois leurs performances financières 
  et leurs critères sociaux et environnementaux. Les questions d’image 
  et de réputation, les encadrements législatifs (ex en France la 
  loi de mai 2001), les mouvements de la société civile et la montée 
  de la citoyenneté dans l’entreprise expliquent cette montée 
  en puissance.
       On note une responsabilité sociale ou globale des firmes multinationales 
  dans un contexte de mondialisation et de diffusion internationale des normes. 
  Cette responsabilité dépasse la simple « corporate governance 
  » pour inclure les questions environnementales, sociales, et éthiques 
  telles que les législations du travail ou les droits de l’homme. 
  L’on observe une montée en puissance des considérants éthiques 
  depuis les années quatre-vingt et surtout quatre vingt-dix du fait de 
  la globalisation des firmes, de la circulation des normes, du rôle des 
  ONG et des acteurs non étatiques. Il en résulte différents 
  effets sur: a) la construction d’un espace public domestique caractérisé 
  par la coopération entre les ONG, les défenseurs de normes et 
  le monde des affaires ; b) les changements des stratégies internationales 
  ; c) les nouveaux modes de régulation des Etats notamment du fait du 
  débat public et des nouvelles normes résultant de l’action 
  des acteurs non –étatiques. 
       La prise en compte des exigences éthiques de la part des firmes, responsabilité 
  sociale ou globale de l’entreprise (« corporate social responsability 
  »), résulte à la fois de la montée de la société 
  civile et de la crise de légitimité des firmes multinationales. 
  La responsabilité commande que chacun réponde de ses actes, les 
  assume et en rende compte (« accountability »). « La légitimité 
  de l’activité de l’entreprise résulte de la congruence 
  entre les normes et les valeurs associées à ses activités 
  et celles reconnues par la société » M. Capron 2003 p 7. 
  L’investissement socialement responsable comprend de nombreux volets (fonds 
  de pension, fonds salariaux, fonds « éthiques ». M Capron 
  présente les nombreux dispositifs de mise en œuvre de la responsabilité 
  des entreprises, tels le pilotage interne par les procédures et les règles, 
  les codes de conduite, la certification sociale, la labellisations sociale, 
  le « reporting social et environnemental », l’ audit, les 
  notations et les évaluations externes des performances sociétales, 
  le bilan social. 
       La professionnalisation du champ de l’expertise 
  morale apparaît tant au niveau des Nations unies (Global Compact programm 
  qu’aux niveaux nationaux cf en France Arèse, la prise en compte 
  des droits économiques par Amnesty International, la coopération 
  entre le FIDH et Carrefour). 
L’économie éthique publique
       Le caractère public est délicat 
  à définir ; il est un construit social et donc renvoie à 
  des pratiques et à des normes sociales, variables selon les sociétés 
  et évolutives selon leurs trajectoires. Le débat public n’est 
  possible qu’en s’émancipant des intérêts privés 
  que ceux-ci relèvent de la sphère privée domestique ou 
  marchande. 
       En revanche, le domaine public demeure aujourd’hui 
  largement borné aux frontières nationales malgré les interdépendances 
  transnationales. Ces différentes conceptions du public s’expliquent 
  en relation avec les évolutions historiques et les comparaisons des différentes 
  sociétés. 
       L’économie éthique publique 
  définit : 1/ quels sont les objectifs que les décideurs doivent 
  poursuivre et les moyens pour y parvenir ? 2/ quels sont les domaines et les 
  formes d’intervention souhaitables ? 3/ quelles sont les procédures 
  de choix collectifs et les institutions optimales ? La théorie du bien-être 
  définit ainsi des optima. Il y a autant d’optima que de 
  répartition des revenus et d’actifs d’où la recherche 
  d’ un optimum optimorum correspondant à un critère 
  de répartition souhaitable de revenu ou élaborer une fonction 
  de bien être collectif. Cette conception normative suppose une rationalité 
  substantielle. 
       En réalité, l’économie 
  éthique publique suppose que soient définies des normes supérieures 
  en termes d’intérêt public ou général, de priorité 
  de satisfaction des biens premiers, de couverture des coûts de l’homme 
  ainsi que des décisions démocratiques confiant à des acteurs 
  le soin de répondre à ces objectifs. Elle est fondée sur 
  un processus politique de décision orienté par des normes supérieures. 
  Cette conception se heurte aujourd’hui au « débordement » 
  des pouvoirs publics pour produire les biens publics, collectifs ou communs 
  et prendre en compte les patrimoines communs (Hugon 2003). La prise en compte 
  des biens collectifs ou publics mondiaux est une pratique émergente au 
  niveau de la rédéfinition de l’Aide publique au développement, 
  de la conversion de la dette en actions d’éducation et de santé 
  (PPTE), d’incitation des pouvoirs publics à développer les 
  génériques.
  
  L’économie solidaire éthique 
       L’économie solidaire englobe 
  l’économie sociale ou populaire, le tiers secteur allant des associations, 
  des mutuelles et coopératives aux systèmes d’échanges 
  locaux, à la micro-finance. L’économie solidaire peut se 
  définir comme « l’ensemble des activités contribuant 
  à la démocratisation de l’économie à partir 
  d’engagements citoyens » . 
       On peut noter à la fois une ancienneté de l’économie 
  sociale et solidaire et un renouveau actuel aussi bien dans les sociétés 
  du Nord, du Sud et dans les coopérations Nord/Sud. L’intervention 
  de l’Etat social ne suffit pas à lui seul à développer 
  une économie sociale responsable alors que le marché est défaillant. 
  Les ressorts en sont les besoins socio économiques des populations, les 
  aspirations et les horizons communs conduisant à des identités 
  collectives (L Favreau 2003). On peut les caractériser par les finalités, 
  les acteurs, les structures et les règles et les activités collectives. 
  Au Nord, l’histoire de l’économie sociale est très 
  ancienne et elle se situe aujourd’hui dans l’interface marché/ 
  Etat. Au sud, l’économie populaire est également en liaison 
  avec les institutions internationales et les organisations de solidarité 
  internationale. L’économie sociale solidaire est au cœur des 
  nouvelles formes de coopération Nord/Sud.
II/ La mondialisation et l’économie éthique internationale
     La question de la fraternité reliant liberté 
  et égalité se pose aujourd’hui largement à l’échelle 
  mondiale et la question du lien social, de la citoyenneté dépasse 
  le cadre national même si les processus de décision politiques 
  demeurent principalement nationaux. Elle est renouvelée aujourd’hui 
  dans un contexte de dépérissement, désengagement ou “ 
  débordement ” des États par le processus de mondialisation. 
  On voit émerger, au cœur du système mondial, à la 
  fois le renforcement de l’interdépendance des espaces économiques 
  nationaux, la montée en puissance des acteurs privés déployant 
  des stratégies globales et une organisation réticulaire autour 
  des nouvelles technologies de l’information ou de la communication. Le 
  processsus en cours est toutefois tendanciel, hétérogène 
  et contradictoire. La globalisation économique et financière s’accompagne 
  d’un processus de différenciation croissant aux niveaux locaux, 
  nationaux et régionaux. L’architecture économique mondiale 
  est source d’instabilités et de renforcement soit de l’Etat 
  soit de référents identitaires. Il y a déplacement des 
  échelles et des lieux de régulation nationale notamment en direction 
  des institutions mondiales et régionales mais en même temps renforcement 
  du poids des puissances hégémoniques et de l’unilatéralisme 
  aux dépens d’actions collectives internationales. 
       La mondialisation a conduit à fortement 
  déconnecter l’espace économique où se jouent les 
  échanges et les pouvoirs économiques et l’espace politique 
  où s’expriment les pouvoirs et les droits et les souverainetés 
  des citoyens. Elle conduit à accroître la dilution des pouvoirs 
  ou du moins à complexifier les liens entre les pouvoirs économiques 
  et les pouvoirs politiques.
       La mondialisation joue comme un processus contradictoire 
  vis à vis du politique. Elle favorise la diffusion de messages diffusant 
  des valeurs de liberté mais elle peut également renforcer les 
  référents identitaires. Elle tend à une concentration des 
  pouvoirs qui s’opposent aux souverainetés des citoyens mais elle 
  marque également les limites des cadres nationaux pour l’expression 
  de cette souveraineté et conduit à une certaine conscience de 
  problèmes planétaires ; les mouvements alter-mondialisation se 
  veulent ainsi exprimer une citoyenneté transnationale et exprimer une 
  démocratie participative et faire coïncider un espace politique 
  transnational avec un espace économique mondial. Les interrelations entre 
  démocratie politique et mondialisation économique se jouent très 
  différemment au cœur du capitalisme patrimonial ou dans ses périphéries 
  ; elles diffèrent selon les trajectoires propres aux diverses sociétés.
       L’économie éthique internationale 
  vise à dépasser la contradiction de l’économie standard 
  qui pense l’économie internationale sans action collective ni puissance 
  publique à partir d’un agent représentatif, le pays, et 
  pense l’économie publique sans dimension internationale et mondiale. 
  La gestion du bien commun, des intérêts collectifs suppose, au 
  contraire, des actions publiques et collectives qui débordent le cadre 
  national et dépassent l’horizon temporel des décideurs publics. 
  Elle implique des valeurs éthiques et leurs traductions en actions publiques 
  susceptibles de contribuer à l’humanisation de la mondialisation 
  et à prendre en compte les équités inter étatiques, 
  intergénérationnelles et inter groupes.
       Quatre questions peuvent être différenciées 
  au niveau international : celle du développement inégal, celle 
  du développement durable et des patrimoines communs, celle de la pris 
  en compte des biens publics mondiaux, celle de l’encadrement normatif 
  et de la régulation mondiales.
  
  2.1 Le développement inégal
       Il n’est pas besoin de longtemps développer les inégalités 
  entre les hommes tant sur le plan infra national qu’international. La 
  mondialisation (ou triadisation) est un processus contradictoire créateur 
  de très fortes différenciations internationales. Le processus 
  en cours de mondialisation ou de triadisation a fortement accentué les 
  divergences de trajectoires entre les économies industrielles, les économies 
  émergentes et les économies pauvres en voie de marginalisation. 
  
       Cette différenciation des trajectoires historiques, des niveaux de développement 
  et des systèmes de valeurs auxquels se rajoutent les asymétries 
  quant aux processus de décision internationaux rend particulièrement 
  difficile les accords sur ce qui est bien public mondial et sur les modes de 
  financement et de production. 
       La question de l’économie éthique internationale se pose 
  dans une perspective de disparités internationales. Le développement 
  ne peut être assimilé à l’expansion du capitalisme 
  ou de la croissance économique. Il est un concept multidimensionnel ayant 
  une dimension économique, sociale, environnementale. Le développement 
  humain renvoie à la finalité humaine de l’acte économique. 
  Le développement intégré suppose une prise en compte des 
  interdépendances entre le socioculturel, le naturel le politique et le 
  champ de l’économie. Il pose la question des équités 
  intra et inter générationnelles.
2.2 Le développement durable, les patrimoines communs et les équités 
  intergénérationnelles
       Le développement durable soulève la question de la solidarité 
  intergénérationnelle. Il importe de resituer la création 
  destructrice de l’homme en relation avec l’écosystème 
  et la biosphère. Au temps moyen du cycle de vie doit se substituer celle 
  des cycles intergénérationnels. Les questions d’irréversibilité 
  (pertes du patrimoine génétique, réduction de la biodiversité, 
  disparition de langues et de civilisations ) et d’incertitude (futur non 
  probabilisable) conduisent à des principes de précaution et non 
  de calcul économique. Le temps d’adaptation de la biosphère 
  est incommensurable avec le temps de succession des générations 
  ou avec celui des cycles économiques ou électoraux. Or ce sont 
  ces cycles courts qui généralement décident par le biais 
  des démocraties représentatives des critères de gestion 
  du long et très long terme. Plus fondamentalement, on ne peut traiter 
  ni la biosphère et ses lois de reproduction ni l’homme, finalité 
  de l’acte économique, et ses lois de reproduction comme un capital 
  faisant l’objet d’un calcul économique (Passet 2003).
       Le concept de patrimoines communs est 
  central. Il peut s’appliquer aux patrimoines fonciers, culturels, naturels. 
  Il remet en question la valeur du capital qui ne peut, ni être réduite 
  à un détour productif, à une cristallisation d’un 
  travail passé, ou aux flux d’investissement l’ayant constitué, 
  ni être assimilé à un flux actualisé de revenus futures 
  résultant de son usage. Sa valeur est un compromis prenant en compte 
  le passé et le futur. La gestion patrimoniale repose sur un 
  double principe, éthique en termes d’équité intergénérationnelle, 
  et d’incertitude. Le futur incertain, en ce qui concerne notamment les 
  préférences des futures générations, suppose des 
  réversibilités de choix. La négociation est fondée 
  sur la définition conjointe d’objectifs du long terme par différents 
  acteurs dont les savoirs, les intérêts, les représentations 
  et les pouvoirs diffèrent et qui n’ont a priori ni les mêmes 
  objectifs, ni les mêmes horizons temporels ni les mêmes échelles 
  de référence. La négociation consiste alors à trouver 
  une stabilité acceptable de l’accord se confortant avec sa légitimité 
  traduite par un contrat ou une convention et la mise en place d’un cadre 
  incitatif ou contraignant permettant son application. La gestion suppose à 
  la fois des lieux de négociation et de gestion, des langages acceptés 
  et adaptés aux problèmes et des règles de gestion et des 
  procédures de négociation visant à la redéfinition 
  de ces règles.
       On constate une montée en puissance du développement durable au 
  sein des entreprises se voulant responsables, soucieuses de leur image et incitées 
  à développer un label vert ou équitable. Les grands groupes 
  mais également les PME mettent en place des directions du développement 
  durable. Les critères de notations deviennent pluridimensionnels avec 
  la protection de l’environnement, l’équité sociale 
  et les performances économiques. En France la loi sur les nouvelles régulations 
  économiques votée en mai 2001 oblige les entreprises côtées 
  en bourse à inclure dans leurs rapports d’activité des éléments 
  sur « les conséquences sociales et environnementales de (leur) 
  activité ».
2.3 La production des biens publics mondiaux
       La complexification de l’économie 
  mondiale conduit à modifier radicalement les liens entre l’économie 
  de marché à dimension mondiale, l’économie publique 
  à dimension nationale et l’économie solidaire et 
  communautaire à dimension locale. La question de l’économie 
  publique se pose dans un cadre mondial (intérêt public mondial, 
  biens publics mondiaux) même si la prise en compte des biens communs ne 
  repose ni sur une traduction politique ni sur un encadrement juridique. L’économie 
  communautaire et solidaire a pris une dimension mondiale avec les organisations 
  de solidarité internationale, l’émergence d’une citoyenneté 
  transnationale et la nécessité de fonder l’économie 
  sur un principe de solidarité. 
       La question des droits, des patrimoines 
  communs et des biens publics mondiaux (BPM) répond ainsi 
  à trois enjeux majeurs mais différents.
       D'un côté, au niveau international, le droit des affaires l’emporte 
  sur les droits de l’homme et sur les droits sociaux. Les droits nationaux 
  sont supérieurs au droit international. Les droits essentiels ont peu 
  d’effectivité ; des conflits croissants liés à la 
  marchandisation et à la privatisation apparaissent dans des domaines 
  d'intérêt collectif (cf. les droits de propriété 
  intellectuelle concernant le brevetage du vivant ou l'appropriation de la connaissance...).
       De l'autre, on note on observe un déclin 
  relatif de l'espace public et des pouvoirs publics face à la montée 
  du marché et des pouvoirs privés, une réorientation de 
  l’Etat des sociétés industrielles vers les fonctions de 
  compétition et de redistribution à l’intérieur de 
  la nation et un déclin des Etats dans les pays pauvres. Il y a "débordement" 
  au double sens de dépassement des frontières et d’incapacité 
  de gestion des États tant dans leurs fonctions régaliennes, de 
  régulation et de production des biens publics face à une internationalisation 
  et à une transnationalisation de nombreuses questions (ce qui n'implique 
  pas que le poids des dépenses publiques sur le PIB ne cesse d'augmenter 
  dans les pays industriels du fait des fonctions redistributives des pouvoirs 
  publics). Il paraît nécessaire, dès lors, de penser une 
  économie publique internationale, de réconcilier l’économique 
  et le politique et de fonder une action collective internationale à diverses 
  échelles territoriales. 
       Enfin des biens communs font l'objet 
  de rivalité croissante et posent la question de la gestion patrimoniale 
  à l'échelle régionale ou mondiale. Les patrimoines 
  communs planétaires renvoient à la question du développement 
  durable en terme de gestion intertemporelle des stocks avec effets d’héritage, 
  choix du taux d’actualisation, prise en compte des préférences 
  des futures générations et problèmes d’expression 
  de ces préférences. Il est nécessaire de renouer avec la 
  tradition classique de l’économie patrimoniale et de la « 
  reproduction des conditions de la production » tout en élargissant 
  le champ d’une analyse patrimoniale. 
       Les biens collectifs internationaux posent 
  le problème de l’action collective internationale avec les risques 
  de fourniture insuffisante, de défection et de passager clandestin. Au 
  contraire, les patrimoines communs planétaires renvoient à 
  la question du développement durable en terme de gestion intertemporelle 
  des stocks avec effets d’héritage, choix du taux d’actualisation, 
  prise en compte des préférences des futures générations 
  et problèmes d’expression de ces préférences. Le 
  dilemme des biens collectifs ou publics mondiaux renvoie à l’absence 
  d’autorité transnationale, face à la mondialisation des 
  marchés et des oligopoles privés et à leurs défaillances 
  “ markets failures ”, mais également aux défaillances 
  des États pour produire des biens collectifs et publics “ states 
  failures ” au niveau mondial. Il peut s’expliquer également 
  par le manque de règles “ rules failures ” et de 
  droits “ right failures ”. 
2.4 Les défaillances de régulations et la faiblesse de l’encadrement 
  normatif
       L’apparition d’un droit de la mondialisation à vocation économique 
  est beaucoup plus rapide et plus efficace que la mondialisation du droit qui 
  permettrait le rapprochement des droits nationaux sous l’influence des 
  droits de l’homme (Delmas-Marty). Mais comment ceux-ci peuvent ils constituer 
  des valeurs fondatrices du droit international même si l’on peut 
  “ justifier des droits fondamentaux en référence à 
  la norme de réciprocité équitable associée à 
  une conception de la personne qui n’est pas particulière aux sociétés 
  occidentales ” (B Guillaume)?
       Le droit est fait de droits nationaux très diversifiés et de valeur 
  technique variable et d’un droit international peu efficace “ (M 
  Chemillier-Gendreau 2003). Or la mondialisation a affaibli les droits nationaux 
  alors que le droit international est essentiellement de nature contractuelle. 
  Celui-ci a mis au centre la norme de souveraineté de l’Etat comme 
  application du droit des peuples à disposer d’eux mêmes. 
  Les droits effectifs des individus dépendent, dès lors, du bon 
  vouloir des Etats. Malgré certains référents à l’intérêt 
  public universel, aux patrimoines communs de l’humanité, aux droits 
  de l’homme fondés sur des valeurs universelles ou universalisables, 
  le droit demeure dans le monde réel au service du monde des affaires. 
  Il n’existe pas de normes marquant les limites du et contrôlant 
  le marché. Or seule le droit permet de rendre compatible des systèmes 
  de valeurs différents et de transformer celles-ci en contraintes sociales 
  efficaces.
En conclusion Comment agir selon un principe de fraternité ?
      Le danger du concept de fraternité tient 
  évidemment à la représentation d’un monde idéel 
  où les conflits d’intérêts, les rapports de force 
  et les asymétries de pouvoirs disparaissent d’où les qualificatifs 
  de naïveté, d’utopie, de point de vue normatif de la part 
  des analystes positivistes ou réalistes. L’on peut toujours rappeler 
  que la disparition de l’esclavage doit plus au jeu des intérêts 
  économiques des esclavagistes qu’aux luttes des « Amis des 
  noirs » et des combats des humanistes au nom de la fraternité. 
  
       La question a aujourd’hui changé 
  de dimension du fait des interdépendances globales, et des responsabilités 
  des générations actuelles. Il s’agit au contraire de dépasser 
  une conception de lois naturelles que ce soit celle du marché ou des 
  rapports de violence pour fonder des actes responsables prenant en compte les 
  risques et conduisant à rendre compte au nom de l’appartenance 
  à la même humanité et au delà à la même 
  planète. 
       La question centrale est évidemment de 
  traduire des principes philosophiques et moraux refondant une économie 
  humaine et solidaire en actions praticables, effectives et inscrites dans des 
  constructions historiques. Ceci suppose la prise en compte des contradictions, 
  des forces sociales faiseurs d’histoire, mais également des procédures 
  de négociation traduisant les principes et normes en règles et 
  droit. 
  
       On peut opposer plusieurs conceptions de l’action 
  collective internationale qui renvoient à deux “ anti mondes ” 
  différents : celui du marché et des relations inter étatiques 
  et celui d’un patrimoine commun et universel et d’une citoyenneté 
  transnationale. La représentation minimaliste adoptée par les 
  organisations intergouvernementales justifie l’existence de ces biens 
  par la défaillance des marchés et des États et adopte une 
  approche utilitariste en termes d’intérêts ; celle adoptée 
  par les organisations de solidarité internationale (OSI), maximaliste, 
  analyse les mécanismes d’appropriation privée et publique 
  de ces biens, pose la question de savoir qui décide de produire et de 
  financer des BPM et aborde la notion de patrimoine commun, de biens premiers 
  et de besoins fondamentaux de l’humanité (Gabas ,Hugon 2001).
  
       Prendre en compte la dimension solidaire ou fraternelle 
  des relations a un caractère subversif en soulignant les limites du système 
  éco actuel et le décalage entre la mondialisation des questions 
  centrales de l’humanité et le caractère borné par 
  les souverainetés nationales des décisions politiques et par le 
  poids des pouvoirs privés dominé par une rationalité instrumentale. 
  Ce système “ décalé ” demeure organisé 
  sur le principe de la souveraineté des États et des organisations 
  internationales où les États ont une voix alors que la question 
  posée est celle des choix collectifs par des citoyens, choix s’imposant 
  au niveau mondial. 
  
       La question de l’intérêt public universel, des biens et des 
  patrimoines communs renvoie à la décision politique, à 
  la souveraineté des citoyens faisant des choix collectifs et donc à 
  la question de l’émergence de la citoyenneté. Il s’agit 
  de trouver des critères de décision permettant de définir 
  les priorités, de hiérarchiser les normes et de les traduire en 
  principes d’action. La conciliation entre les deux objectifs contradictoires, 
  celui de la liberté et celui de l’égalité ne demeure 
  possible au niveaux mondial que par la médiation du principe de fraternité 
  ou du lien social et par leur traduction en action collective renvoyant au politique..
Références bibliographiques
  David M La fraternité Paris, PUF, 1998
  Gabas JJ , Ph Hugon » Les biens publics mondiaux et la coopération 
  internationale « Economie politique 12, 4ème trim 2001
  F R Mahieu L’économie et l’éthique Paris, L’harmattan 
  2000
  H Reeves Le Mal de terre, Paris ,Le Seuil 2003
  A K Sen Ethique et économie, Paris, PUF 1993
  Etudes UNESCO Programme interdisciplinaire Ethique de l’économie 
  (sous la direction de N Garabaghi 2003) :
  H Bartoli., Ethique et économie : médiation du politique
  M Capron., L’économie éthique privée : la responsabilité 
  des entreprises à l’épreuve de l’humanisation de la 
  mondialisation
  M Chemiller-Gendreau., Pour une éthique de l’économie : 
  le droit, élément de frein ou de progrès ?
  L Favreau., L’économie sociale et solidaire : pôle éthique 
  de la mondialisation
  Ph Hugon., L’économie éthique publique : biens publics mondiaux 
  et patrimoines communs
  P Meyer-Bisch., L’éthique économique : une contrainte méthodologique 
  et une condition d’effectivité des droits humains
  R Passet., L’émergence contemporaine de l’interrogation éthique 
  en économie