Une économie au service de la société
Quelles relations entre "individu et société"?
Les questions à l'agenda de travail lors du colloque de Dakar
Avec Adam Smith naquit l'économie politique qui a pour objet de dire comment la nation, la société, peut s'enrichir. Pour lui, il suffit de se confier au principe des marchés. Si chacun s'occupe égoïstement de son seul intérêt, une " main invisible " va permettre à la société de s'enrichir. Ce modèle bien particulier des relations entre individu et société est devenu le paradigme dominant de la recherche en sciences sociales.
Cependant, les chercheurs et les décideurs, empruntant cette voie, ne sont parvenus, ni théoriquement ni pratiquement, à trouver comment une société peut " s'enrichir " sans qu'un petit nombre de très riches côtoient un grand nombre de pauvres et sans une surexploitation de la Nature, une situation dont ne peut se satisfaire la société dans son ensemble. Pour répondre à ce défi, pour mettre l'économie au service de la société, il faut débattre de questions de fond et d'expériences concrètes, c'est ce que nous allons tenter au cours de ce colloque.
Nous allons explorer plus précisément des voies différentes que l'on peut emprunter concernant les relations entre " individu et société ". Ces débats s'inscrivent dans le prolongement des colloques précédents, de cette entreprise de construction collective d'un savoir politique et éthique sur les activités économiques lancée par PEKEA. La discussion sera organisée au cours d'une douzaine de sessions et ateliers, comme ci-après.
P1 : Les fondamentaux de la vie en Société.
Cette session discutera pourquoi la vie est d'abord vie collective, une vie en société et analysera comment se construisent des individus, des identités individuelles ; elle s'interrogera pour savoir selon quelles modalités l'épanouissement des individus peut se poursuivre sans mettre en péril une vie de " bonne " société.
P2 : L'individu dans une société plurielle.
Cette session montrera avec des exemples comment la plupart des sociétés concrètes ne fonctionnent pas selon un seul principe, et surtout pas sur le seul principe des marchés. Les expériences sont diverses, elles témoignent du pluralisme des sociétés et au sein des sociétés.
P3 : La recherche d'un nouveau paradigme - relationniste.
Si à ce paradigme dominant, de l'individualisme méthodologique, qui a pour emblème l'homo oeconomicus, égoïste rationnel, on ne veut pas substituer le holisme méthodologique et le déterminisme sociétal, il faut partir à la recherche d'un autre paradigme. C'est ce que fera cette session en empruntant, entre autres, les pistes ouvertes dans le passé pour repenser l'individu, le sujet, dans ses interactions avec autrui, avec la société, avec la nature. Le terme de " relationniste " s'efforce de capturer à la fois la dimension interindividuelle et l'immersion incontournable - qui doit rester conviviale - dans la société et la nature.
P4 : Des expériences éclairantes d'interactions entre l'individuel et le collectif.
Dans les sociétés concrètes, dans les groupes, les comportements effectifs des uns et des autres montrent des pratiques fondées sur des principes de réciprocité, de sens du, et de prise en compte du collectif, qui appellent à la fois à leur théorisation et à en tirer des leçons. Il est indispensable de les mieux connaître et de les faire connaître pour envisager comment s'en inspirer en de multiples lieux
A1 : La recherche d'un nouveau paradigme - relationniste (suite de P3).
A2 : La position de la Femme dans les relations " individu- société ".
Cette session va montrer combien, dans toutes les cultures, les femmes apportent une approche différente des pratiques dominantes dans les relations entre " individu et société ". Il faut prendre en compte cette approche au " féminin " pour en tirer des enseignements et en particulier éviter, en construisant un paradigme de " relationniste ", le biais masculin dont est porteur le paradigme de l'homo oeconomicus.
A3 : L'articulation des intérêts individuels et du bien commun.
Le sens du collectif, l'exigence d'un souci du bien commun paraissent brimer la liberté et les droits individuels : ainsi la privatisation peut être parfois perçue comme une victoire de la démocratie ou considérée comme une atteinte à la justice sociale. Cette session s'efforce de repenser l'articulation entre intérêts individuels et bien commun sur des cas concrets où il faut dépasser ce type de contradiction.
A4 : Les contextes institutionnels encadrant les relations individu - société.
Les pratiques concrètes des relations individu- société sont assez éloignées des théories et des discours officiels. Toutefois elles sont également très différentes au cours de l'histoire et d'un Etat ou d'une nation à l'autre : les contextes institutionnels juridiques, politiques, économiques, sociologiques, culturels …jouent un rôle important pour cette différenciation. Cette session va explorer cette question sur quelques cas.
B1 : La recherche d'une régulation des rapports individus - société.
Si l'on convient qu'on ne peut s'en remettre aux libres interactions individuelles et qu'on ne peut en rester à inciter chacun à ne s'occuper que de lui-même, il faut s'engager dans une recherche de la " bonne " régulation. Contrat, règles, chartes, code, manifeste : de multiples tentatives peuvent être visitées et discutées. La société se doit d'offrir à chacun une vie individuelle et son essor ce qui est le socle sur lequel se construit l'amélioration du bien commun. Cependant elle ne peut laisser la puissance de vie individuelle croître au-delà des limites qui diminuent ce bien commun. Comment mettre cette exigence en des termes concrets, c'est là le sujet à débattre dans cette session.
B2 : La construction de relations partenariales dans les échanges.
La recherche d'un paradigme différent exige en premier, en matière économique, de repenser les échanges. Ils sont à percevoir moins sous l'angle de la circulation des marchandises - ce qui reste certes une fonction essentielle- et plus sous celui de la relation entre des individus en société. Dans différents domaines, des pratiques concrètes évoluent et sont analysées ; ces faits et ces analyses seront discutés dans cette session qui montrera comment on peut construire des relations partenariales dans les échanges.
B3 : Les interactions individu - société au cœur des activités productives.
La richesse des sociétés résulte des activités conduites par des individus, activités dites productives. Cette session cherchera à déchiffrer les problèmes concernant les interactions individu- société que posent la nature des activités ou la manière de les conduire. En théorie et, en pratique, du local au global.
B4 : Les interactions individu - société au sein des communautés productives.
La production de richesse par les individus est organisée concrètement au sein de groupes, qui sont des petites " société ", des communautés productives dont l'organisation juridico-institutionnelle peut varier grandement. Toutefois elles ont en leur sein des interactions de type individu- société dont quelques aspects seront étudiés dans cette session.